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Un nouveau dinosaure carnivore découvert dans les falaises normandes

Caletodraco cottardi. Littéralement « le dragon des Calètes et de Cottard ». C’est le nom latin d’un nouveau dinosaure carnivore vieux de 100 millions d’années, trouvé au pied des falaises de craie de Saint-Jouin-Bruneval (Seine-Maritime), récemment décrit dans Fossil Studies. Il rend à la fois hommage à une peuplade celte du pays de Caux et à Nicolas Cottard, l’auteur de la découverte. Pour ce professeur de physique en lycée, voir son nom associé à un dinosaure, c’est « la reconnaissance d’une vie de paléontologue amateur ».
Aujourd’hui âgé de 59 ans, il voue aux fossiles « une passion léguée par une institutrice d’école primaire, et toujours aussi vive que lors de la découverte de mon premier micraster, un oursin en forme de cœur. » Sa nouvelle trouvaille n’est pas totalement fortuite. Nicolas Cottard fait partie des amateurs éclairés. « On peut se définir comme tel si, lorsqu’on s’adresse à un scientifique de rang international, on reçoit une réponse », dit-il.
C’est bien son cas, il correspond avec des chercheurs en Belgique, en Allemagne, en Angleterre ou encore aux Pays-Bas, sur des crabes, des étoiles de mer ou d’autres échinodermes, dont certains portent aussi son nom. Il est spécialiste du cénomanien, une période géologique qui va de − 100 millions à − 94 millions d’années environ. Avec Jérôme Girard, un autre amateur, et le géologue Bernard Hoyez, ils rédigent même d’imposantes monographies sur le sujet, fruit de patientes études de terrain en Haute-Normandie.
« On retourne toujours sur ces falaises, raconte Nicolas Cottard. C’est au cours d’une de ces veilles que j’ai découvert, dans un bloc éboulé, des restes de vertébrés, dans un cordon de galets lavés par la marée et la pluie. » C’était en 2021. Son comparse Jérôme Girard s’est attaqué aux 60 kilos de pierre au burin et à la disqueuse. Appelés au chevet des ossements patiemment dégagés, les paléontologues Eric Buffetaut (CNRS, Ecole normale supérieure) et Javier Parraga (Muséum du Havre) hésitent alors sur l’interprétation. Reptile volant ? Dinosaure ?
En 2023, au même endroit, Nicolas Cottard trouve un autre bloc appartenant au même animal. Cette fois, le diagnostic peut être posé par Eric Buffetaut. Il s’agit d’un dinosaure carnivore, une pièce particulièrement rare dans les falaises de craie. « A l’époque, la mer était à 150 mètres au-dessus du niveau actuel, et on trouve dans ces strates essentiellement des animaux marins », rappelle Nicolas Cottard.
On peut donc supposer que le dinosaure est mort sur des terres émergées, dans le Massif armoricain ou en Cornouailles, avant d’être transporté vers la mer (par une rivière, une inondation ?) puis par les courants jusqu’à sombrer et être enfoui dans les sédiments. « Mais là où la découverte est exceptionnelle, c’est que les furileusaures, auxquels il est rattaché, n’étaient connus qu’en Amérique du Sud, souligne Nicolas Cottard. Ce qui soulève des questions intéressantes sur son origine. »
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